Critique du film d’André Gazut « Pacification en Algérie »
Dans ce film, André Gazut retrace son parcours, sur le fond de ce qu’il apprend progressivement de la guerre d’Algérie : c’est sensible, ça passe bien, c’est intéressant. C’est forcément partiel, cela tient au thème choisi et, par ailleurs, il n’est pas possible de faire autrement en deux heures.
Je ne reviendrai donc pas sur ce point, c’est-à-dire sur ce qu’il manque : ce n’est pas le sujet.
Mes remarques concernent ce qu’il rapporte du fond donné à son histoire personnelle, c’est-à-dire ce qu’il rapporte de la guerre d’Algérie.
Deux rubriques ici :
– le thème général des interviews 40 ans après
– quelques précisions sur les faits rapportés.
Les interviews
La grande difficulté des interviews 40 ans après vient, avec la meilleure bonne foi du monde, de la reconstruction de la mémoire, de la tentation de l’autojustification et de la complaisance.
Pour l’essentiel, les témoins n’y ont pas cédé. J’ai trouvé très émouvants et sincères les témoignages de José, de Dejardin, de Clavel …
Ces témoins sont de deux sortes :
– ceux qui ont été seulement (si je puis dire) révoltés par les procédés utilisés dans cette guerre : la critique est morale
– et ceux qui, en plus, ont eu la conscience politique de ce qu’était cette guerre, à savoir une guerre de libération : la critique est morale et politique.
L’essentiel du parcours du cinéaste se réfère au premier ordre (moral) et il est normal qu’il ait privilégié les témoins de cet ordre (De Bollardière, G. Tillion, les séminaristes, référence à P. Teitgen…).
J’ai beaucoup apprécié que, malgré le champ dans lequel il développe son parcours, A Gazut fasse une juste part aux communistes qui s’opposaient sur les deux plans, de la morale et de la politique, aux agissements en vigueur et étaient très, très durement réprimés – encore bien plus sévèrement que les autres. Cette référence est d’autant plus appréciable qu’elle est particulièrement rare (1).
Pour les gens non avertis, il est cependant possible qu’une certaine confusion s’établisse entre les grands témoins « moraux » qui protestent sur le plan humanitaire et les témoins « politiques » qui, en plus, ont une certaine conscience de la nature de cette guerre.
Marc Chervel
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